1- Qu'est-ce-que percevoir?

Pour commencer, il me paraît indispensable de citer une définition, de la perception. Cette définition est issue de l’ Encyclopédie esthétique, parue en 1990. «Perception: fonction par laquelle un organisme prend connaissance de son environnement au moyen de ses sens. Bien que ressentie comme immédiate, elle est le résultat d’activités très complexes de traitement d’informations» (...) (1). Elle se définit aussi comme étant un terme philosophique désignant le fait de recevoir l’impression des objets, éprouver une sensation.

Ainsi, l’action de percevoir sous-entend une interaction entre un sujet qui perçoit et un autre qui est perçu. Nous pouvons aisément calquer ce schéma sur le rapport qu’entretient l’homme au monde et à autrui. En effet, l’individu, par ses sens, reçoit le monde et c’est par cette action de percevoir qu’il prend conscience d’exister dans ce monde. Le philosophe irlandais du XVIIème siècle, Berkeley a longuement étudié ce phénomène de la perception, il en définit assez bien l’essence «exister, c’est être perçu ou percevoir» (2).

 Ces notions de perception, d’interaction de l’Homme avec son environnement ont nourri de nombreuses réflexions tant philosophiques que scientifiques tout au long de l’histoire. C’est cependant à la fin du XIXème et au XXème siècles que le champ artistique s’y intéresse. Suite aux nombreux bouleversements, tant sociaux qu’économiques, industriels ou encore politiques et même religieux, que connut le monde occidental à cette époque, les repères, les valeurs, autour desquels un même peuple se rassemblait, évoluèrent considérablement. D’un point de vue philosophique, ces bouleversements sont nés avec les Lumières qui songèrent à une autre manière de penser le monde au-delà des carcans idéologiques, politiques et religieux.

En effet, ces deux derniers siècles ont été marqués par l’essor industriel engendrant un développement économique sans précédent qui marqua le début de l’ère marchande. A cela s’ajoute un effritement de la croyance religieuse, résultant d’un déclin du pouvoir eclésiastique, de l’essor de la science et d’un matérialisme grandissant. C’est dans ce contexte, celui d’une société occidentale en perte de spiritualité, que le champ artistique et plus précisément ceux de la peinture et de la sculpture, expriment clairement leur indépendance de la mimétique, de cette fonction qui leur fut attribuée depuis bien longtemps visant à représenter les scènes religieuses, la nature, les grands de ce monde (personnalités politiques, religieuses,ou philosophes).

(1) Auroux Sylvain, Encyclopédie philosophique universelle. T. 2, Les notions philosophiques, Paris, éd. PUF, 1990, p. 1889
(2) Berkeley Georges, Principes de la connaissance humaine, Paris, éd. Flammarion, 1993, 1ère partie, §2 et 3

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :